L’abbé François-Xavier SCHERER
IN MEMORIAM
16 Septembre 2012
70ème Anniversaire de la mort de l’Abbé François-Xavier SCHERER
Le prêtre auquel nous rendons hommage aujourd’hui est le fondateur de notre paroisse dont il a été l’administrateur de 1932 à 1936.
A sa présence, pendant 4 ans, dans notre quartier, la paroisse lui doit le rassemblement d’une communauté et l’organisation d’une vie paroissiale en ses débuts: lui même, dans un « rapport sur les activités déployées dans la paroisse en 1935 » s’étonne, avec ses paroissiens, qu’une paroisse pauvre et modeste ait pu accomplir en un temps si court, un travail aussi vaste et aussi étendu. C’était, il est vrai, une période de fondation et d’organisation première. Et d’ajouter: « Sainte-Jeanne d’Arc du Port du Rhin c’est notre oeuvre, nous l’avons fondée avec notre sueur, nos larmes et notre sang« . Le zèle pastoral de l’abbé SCHERER avait permis la fondation du Foyer, du Cercle des Hommes, de la Congrégation des Mères Chrétiennes, de la Conférence de Saint-Vincent de Paul, du Cercle des jeunes, des Enfants de Marie, et aussi le Patronage du Jeudi et la Chorale!
En ces années où sortent de terre les immeubles du quartier, sera construite l’église, dédiée à Sainte-Jeanne d’Arc: sans doute à cause des menaces dues à la montée du nazisme outre Rhin.
Rappelons quelques dates:
- Pose de la première pierre le 11 juin 1933
- Bénédiction solennelle de l’église le 26 novembre 1933
- Bénédiction des 3 cloches le 16 décembre 1934.
Au cours de l’été 1936, l’Abbé SCHERER est muté et nommé administrateur à Staffelfelden, dans le Haut-Rhin, où il sera en poste au moment où l’Alsace, occupée par les Allemands, sera soumise à l’idéologie néo-païenne du nazisme. L’abbé SCHERER n’en prêcha pas moins Jésus-Christ au service duquel il avait été ordonné prêtre et lui rendit témoignage par sa vie et par son enseignement. C’est dans ce ministère de la prédication de la Parole de Dieu qu’il fut particulièrement surveillé du fond de l’église, par la Gestapo! – et accusé d’opposition au nazisme qui cherchait à dominer les esprits.
Dans son livre « L’Enfer sur Terre », l’abbé René EPP, professeur émérite d’histoire de l’Eglise à la Faculté de Théologie Catholique de Strasbourg nous rapporte une citation tirée d’une homélie : « Nur einer kann von sich sagen, ich bin der Weg, die Wahrheit und das Leben, das ist unser Führer Jesus Christus » (en français): « Un seul peut dire: je suis le chemin, la vérité et la vie, c’est notre guide (Führer) Jésus-Christ« .
Cette imprudence lui valut d’être arrêté, incarcéré d’abord à la prison de Mulhouse interné ensuite à Schirmeck et enfin le 29 mai 1942 déporté à Dachau. Il y mourut le 17 septembre suivant. Il avait 51 ans.
Ses cendres, renvoyées à sa famille, ont trouvé place dans le socle de la grande croix du nouveau cimetière de Staffelfelden.
Mü par un pressentiment, il avait écrit le 11 septembre 1940, dans son testament: « Si ma mort devait être la conséquence d’une incarcération, je sais qu’un pénible chemin de croix m’attend. Cette croix, je la prends pourtant courageusement sur mes épaules comme martyr pour la cause du Christ« . (René EPP, L’Enfer sur terre, page 223)
Avec quelle vérité, il évoque lui-même sa destinée: « Martyr pour la cause du Christ »!
En ce 70ème anniversaire de la mort du premier curé de notre paroisse, et alors que très peu de personnes l’ont encore connu, nous avons un devoir de mémoire: empêcher que le temps amène l’oubli : son portrait, dans notre église, nous rappellera son souvenir et nous invitera à entretenir la reconnaissance et la vénération pour ce témoin de la foi qui a eu le courage de « se déclarer pour le Christ, devant les hommes »…(Mt X, 32) qui étaient ses bourreaux.
Cet événement est aussi un appel à un engagement:
dans sa vie, François-Xavier SCHERER a pris l’Evangile au mot. Son exemple nous invite avec insistance à vivre selon son exemple: Sachons faire au Christ sa place dans nos vies et nous engager à témoigner pour l’Evangile au milieu de notre monde indifférent.
Quant à notre communauté, puisse-t-elle, dans la fierté d’avoir un tel fondateur, trouver un nouveau souffle et réaliser la pressante recommandation qu’il lui faisait le jour de la pose de la première pierre de l’église : « Soyez des chrétiens dans toute la force du terme; Ne vous contentez pas d’être des chrétiens d’occasion; Soyez de vrais fidèles aux bons comme aux mauvais jours ».
Enfin, sur le plan personnel, chacun de nous aura à coeur de prier François-Xavier SCHERER – il n’est pas nécessaire pour cela qu’il figure au calendrier des saints oui, prions-le: lui qui a parcouru un sombre et douloureux chemin de croix au camp de concentration saura bien parce que qu’il nous aura été très proche – nous aider dans nos difficultés à voir la main tendue de Dieu.
Abbé Jean DIR WIMMER
TEXTES A MEDITER
Les Douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes:
Voici que moi, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups: Vous serez traduits devant des gouverneurs et des rois, à cause de moi.
Le disciple n’est pas au-dessus de son maître.
Quiconque se déclare pour moi devant les hommes, je me déclarerai moi aussi pour lui devant mon Père qui est aux cieux.
Qui aura assuré sa vie la perdra, et qui perdra sa vie à cause de moi l’assurera.
(Matthieu X)
La foule innombrable des témoins de la foi.
Après cela, je vis une foule immense que nul ne pouvait dénombrer de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le trône et devant l’agneau, vêtus de robes blanches et des palmes à la main.
Ils proclamaient à haute voix:
« Le salut est à notre Dieu qui siège sur le trône et à l’agneau ».
Et tous les anges rassemblés autour du trône, des anciens et des quatre animaux tombèrent devant le trône, face contre terre, et adorèrent Dieu.
Il disaient:
« Amen! Louange, gloire, sagesse, action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu pour les siècles des siècles. Amen! » L’un des anciens prit alors la parole et me dit:
« Ils viennent de la grande épreuve.
Ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau c’est pourquoi ils se tiennent devant le trône de Dieu ».
(Apocalypse VII, 9-15)