Jésus m’appelle-t-il à devenir saint ?

La réponse de Roselyne Dupont-Roc

Q 11 Jésus m'appelle t il a etre saint.jpegSouvent lorsque nous admirons quelqu’un, nous souhaitons pouvoir lui ressembler par tel ou tel aspect. Voici que Jésus se présente à nous, par les Évangiles, dans la prière, dans notre vie de tous les jours. Voici que nous le rencontrons! Et c’est lui qui nous appelle à venir à lui, à lui ressembler, à devenir saint. Que veut dire « être saint » ? Comment pouvons-nous le devenir, retenus par nos faiblesses et nos petitesses ? 

Saint, saint, saint, le Seigneur !

Dans l’Ancien Testament, la sainteté se rapporte essentiellement à Dieu : Dieu est saint (QoDeSH), c’est-à-dire séparé, tout-autre. Il est le Dieu trois fois saint, devant lequel l’homme se sent impur (Isaïe 6, 1-6). Or le choix que Dieu fait de se révéler à quelques uns s’accompagne d’une invitation à participer à sa sainteté : «vous, soyez saints, car moi je suis saint» lit-on en Lévitique 19, 1. Saint, c’est-à-dire séparé des autres hommes, des compromissions et des conduites d’autres peuples qui sacrifient aux idoles ou à leur propre puissance. Israël est la part de Dieu, son patrimoine, le peuple qu’il a mis à part : « soyez saints ! »

 Devenir saint en accueillant le pardon de Dieu  

Si la sainteté de Dieu est sa plénitude de vie, elle exige que ceux qui s’approchent de lui soient purs, c’est-à-dire qu’ils aient éloigné tout ce qui est perte ou diminution de la force vitale, tout ce qui est donc considéré comme impur : le sang, le handicap, la maladie, la mort. A l’époque de Jésus, la loi juive interdisait l’accès du Temple à toute une population affligée de maux et de handicaps multiples, à tous ceux que leur métier ou leur mode de vie rendaient impurs.

Or, Jésus prend le contre-pied de ce système de pureté rituelle, de « sainteté rituelle ». Lui s’approche sans crainte des lépreux et des malades, de la femme hémorrhoïsse, des prostituées et des percepteurs d’impôts. La sainteté à laquelle il appelle est d’un autre ordre : elle vient du pardon de Dieu accueilli dans la confiance et l’humilité. Pour lui, la vie que Dieu ne cesse de donner est accueil et pardon, tendresse et fidélité. Car Dieu non seulement donne, mais il se donne, il communique son souffle de vie, il communique son esprit à ceux qui en ont le plus besoin, qui en sont le plus dénués.

 Lui, vous baptisera dans l’Esprit Saint

Jésus, dit Jean-Baptiste, vous baptisera dans l’Esprit Saint (Marc 1, 8). Car Jésus veut donner l’esprit, son propre esprit d’obéissance et d’amour, à ses disciples, pour qu’ils soient ceux qui portent à tous la Bonne Nouvelle d’un Dieu Père qui accueille et pardonne. En mourant sur la croix, Jésus remet son esprit au Père, mais il lui demande aussi que cet esprit de sainteté et d’amour, soit désormais répandu sur ceux qui voudront marcher à sa suite (Luc 23,46 et 24, 49).

Le baptême chrétien est donc une plongée dans la vie, la mort et la résurrection du Christ (Romains 6, 3). Les baptisés reçoivent l’esprit de Jésus, l’esprit saint, qui transforme leurs coeurs pour qu’ils puissent entrer à leur tour dans la puissance de sa résurrection. A tel point que les premiers groupes chrétiens de Jérusalem recevront le nom de « saints » (Romains 15, 25). Désormais, Dieu n’est plus seulement présent dans le Sanctuaire, mais au coeur de chaque communauté. Et on ne s’étonne pas de lire sous la plume de Paul : « à l’Eglise de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus… » (1 Corinthiens 1,1).

Appelés à être saints

Or, Paul poursuit de façon surprenante : « à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus, appelés à être saints ». Car, si les chrétiens ont déjà été sanctifiés, ils ont encore à vivre de l’esprit de sainteté, à entrer dans le mouvement qui conforme leur vie et leur être au Christ Jésus. Etre saints, c’est se laisser saisir totalement par la puissance de vie et d’amour que Dieu ne cesse d’offrir, comme le dit Paul : «déjà nous avons été saisis par le Christ, mais nous, nous ne saisissons pas encore»(Philippiens 3, 12). Il nous reste à parcourir tout le chemin de nos vies comme un chemin de sanctification, c’est -à-dire de conformation et de communion à l’amour du Christ qui s’est livré pour nous.

 L’immense foule des saints de tous les temps

Programme pour nos vies ? Ou plutôt exigence intérieure qui nous pousse à vivre de l’esprit qui déjà nous habite et nous montre le chemin. Ce chemin, nous savons que pour le Christ, il est passé par la croix, et que nous aurons à notre tour à combattre les forces du mal et de la mort, en nous et autour de nous. Mais sur ce chemin, nous sommes à la fois précédés et accompagnés, car le Christ en nous laissant son esprit a fait de nous son Eglise, en sorte que nul désormais ne soit seul. Nous sommes entraînés par la multitude de nos frères déjà entrés dans la plénitude de la vie de Dieu, les saints connus et inconnus de tous les siècles qui nous ont précédés, les saints de nos familles, tous ceux dont nous ne savons rien et dont nous ne saurons jamais quel a été leur rencontre avec le Christ. Nous sommes accompagnés aussi par tous nos frères croyants vivants aujourd’hui.

Oui Jésus nous appelle à être saints : déjà nous le sommes car il nous a donné son esprit, et il ne cesse, par tous ceux qui nous précèdent et nous entourent, de nous appeler à devenir saints, à vivre de la vie de Dieu dans l’amour.

Roselyne Dupont-Roc

Bibliste, Cetad, enseignante à l’Institut Catholique de Paris (1985-2011),Centre Intelligence de la Foi (CIF)

 

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