« Tu m’as ramené à la vie »

Le Christ est ressuscité des morts !

Par sa mort il a vaincu la mort !
A ceux qui sont dans les tombeaux, Il a donné la vie !

Amen ! Alléluia ! Alléluia ! Alléluia !

Saintes et Joyeuses Pâques !

 

Source de l’article Jeunes cathos

« Quels visages de personnes me reviennent, qui, à un moment où j’en avais besoin, m’ont aidé à me relever ? » A la lumière de la résurrection, le texte ici réadapté du jésuite Etienne Grieu, écrit initialement pour le rassemblement Diaconia 2013 et repris dans son livre « J’ai besoin de toi pour découvrir que Dieu, c’est vrai », nous permet de comprendre très concrètement le sens que prend la résurrection au cœur de nos vies dans notre relation aux autres et nous guide pour entrer davantage dans la réalité de notre vocation de chrétien, avec des pistes concrètes pour savoir comment vivre ce temps pascal

« Quels visages de personnes me reviennent, qui, à un moment où j’en avais besoin, m’ont aidé à me relever ? »

Cette question, elle n’a l’air de rien, mais elle est très importante. Car c’est sans doute par là que, pour chacun d’entre nous, tout a commencé. Parce que ces personnes qui nous ont aidés à nous relever quand on en avait besoin font que nous en sommes là aujourd’hui.

Ceux qui nous ont appelés à la vie

alliance père et filsCes personnes-là, elles nous ont appelés – ou rappelés – à l’existence. Elles ont relayé pour nous la parole et les gestes qui font vivre, qui soulèvent le couvercle qui, certains jours, pèse sur notre tête. Tous, nous pouvons faire mémoire de cela.

Ces personnes qui nous ont appelés ou rappelés à l’existence, qu’est-ce qu’elles nous ont dit, qu’est-ce qu’elles ont fait, qui a produit pour nous un tel effet ?

Parfois, c’est tout simple : ces personnes, elles nous ont appelés par notre nom. Elles ont prononcé notre nom ; pas sur le ton d’une convocation ou d’un contrôle d’identité, mais parce qu’elles étaient heureuses de nous voir, de nous entendre, tout simplement !

Ces personnes, elles nous ont aussi regardés avec espérance. Ce n’était pas un regard de jugement, ce n’était pas non plus des clichés projetés sur nous, mais c’était un regard qui appelle, qui dit : « je te connais un peu, mais tu as encore beaucoup de choses précieuses en toi qu’on n’a pas encore vues ».

Et puis, ces personnes qui nous ont relevés, elles avaient peut-être ce don, cette délicatesse, pour reconnaître ce qui en nous avait soif ou était douloureux ; elles nous ont rejoints en ce point-là. Jésus était comme ça, à rencontrer la personne dans son besoin.

Ces personnes qui nous ont relevés, même quand elles ont aussi été exigeantes pour nous, elles nous ont en même temps ouvert leur cœur. C’est-à-dire, elles ne se sont pas présentées à nous barder de compétences, de savoirs et de certitudes, mais avec un cœur ouvert.

D’ailleurs, parmi ces personnes qui nous ont appelés à l’existence, il n’y avait peut-être pas que des gens en pleine forme. Malgré cela, elles nous ont appelés, elles nous ont relevés. Parfois, de tels appels contiennent en eux un pardon, quand ils invitent à dépasser ce qui en nous s’était montré étriqué, fuyant ou fermé. Et ce pardon aussi, l’avons-nous parfois entendu de la part de personnes elles-mêmes en situation de grande faiblesse ?

La rencontre de l’autre, la voie royale pour connaître Dieu

3e-dimanche-aventQuand nous avons fait ainsi l’expérience d’être relevés, on peut dire avec certitude que nous avons été touchés par les appels de Dieu, par le don de Dieu, par la grâce de Dieu.

Parfois nous nous demandons : Dieu, à quoi ressemble-t-il ? Jésus, comment il était ? Ces paroles, ces gestes, ces visages qui nous relèvent, qui nous appellent à l’existence, ils sont pleins de Dieu, ils le laissent passer. Si je cherche à connaître Dieu, voilà une voie royale pour le découvrir.

La rencontre de l’autre peut être l’occasion de découvrir quelque chose de Dieu. Pas forcément d’ailleurs les rencontres où tout baigne dans l’huile, mais justement, ces rencontres où le cœur s’ouvre, où chacun est en vérité, et où chacun fait signe à l’autre comme pour lui dire qu’on tient à lui.

Nous voilà donc avec cette question : « qu’est-ce que je découvre de Toi, mon Dieu, dans la rencontre de l’autre ? ». En ce temps pascal, soyons attentifs à cela, au hasard des rencontres, prévues ou totalement imprévues : qu’est-ce que je découvre de Toi, mon Dieu dans la rencontre de ces frères et sœurs, connus ou inconnus, que tu mets maintenant sur mon chemin, qu’est-ce que je découvre de Toi dans leurs gestes, leurs paroles, leurs attitudes vis-à-vis de moi ou vis à vis des autres ?

Faire vivre le don de Dieu : être au service

arcabas - lavement piedsA partir de là, on peut aller vers une deuxième question : Etre au service : ça change quoi pour moi ? Ça m’engage à quoi ? Quels appels j’entends à mettre mes pas dans ceux du Serviteur (le Christ) ?

Être au service, c’est comme « faire réponse » à tout ce que nous avons reçu, à cet appel à l’existence qui nous fait tenir debout. D’ailleurs, dans l’expression « rendre service », il y a peut-être de cela : ce que j’ai reçu, je peux le donner moi aussi, le rendre, à mon tour.

Le serviteur, c’est donc quelqu’un qui redonne de ce qu’il a reçu, tous les appels qu’il a entendus.

Dans le Nouveau Testament, un serviteur, un diakonos, c’est quelqu’un qui est envoyé pour partager ce qu’il a reçu. Il se fait messager des bonnes choses qu’il a reçues. C’est ce qu’on entend tout au long du temps pascal, dans l’évangile de Jean qui ne cesse de présenter Jésus comme l’envoyé du Père.

Vu de cette manière-là, être serviteur, ça n’est pas d’abord faire des tas de choses ; c’est d’abord, laisser passer les bonnes choses qu’on a reçues, qu’on a entendues. Un serviteur accueille et redonne, accueille et ne retient pas, comme les disciples quand ils partagent le pain que Jésus donne : leurs mains sont ouvertes pour recevoir et redonner.

Dit comme ça, ça paraît facile ; en fait, nous savons tous très bien que nos mains ont tendance à se fermer, à garder ; nous rêvons souvent de petits succès jusque dans le service, et nous voilà de nouveau au centre des choses ! C’est pourquoi n’oublions pas que le chemin du serviteur est aussi un chemin de conversion, toujours à reprendre. De nombreuses tentations nous guettent, depuis la prise de pouvoir sur l’autre, jusqu’au découragement, en passant par les jugements hâtifs, l’activisme, l’impatience de ne pas trouver tout une suite une efficacité, etc.

Mais être au service, ça change quoi pour moi ? Poser cette question, c’est une manière d’attirer l’attention sur ce que ça provoque en nous, cette décision de redonner un peu de notre trésor. Car il se pourrait que lorsqu’on a ainsi les mains ouvertes, quelque chose de très précieux nous soit donné : quelque chose comme un passage de Dieu au milieu de nous.

Etre serviteur, c’est aussi une décision que l’on prend et des conversions à vivre. Ça passe par des choix, des priorités, des renoncements. Des choix dans son agenda, dans son réseau de relations, dans la manière de mobiliser son énergie. Et puis, ça passe par l’acceptation de se laisser transformer en profondeur dans nos manières d’être et nos manières de faire, jusqu’à laisser passer en nous celles du Christ.

Alors, qu’est-ce que j’entends comme appel, de ce côté-là, est-ce que je suis prêt à y répondre ?

La résurrection et la Bonne Nouvelle de l’Eglise, le signe éclatant de l’appel à l’existence

Arcabas-Tamie - resurrectionMais un serviteur qui voudrait être serviteur tout seul, il risque de ne pas rester serviteur très longtemps. On a besoin tout le temps des autres pour être relancés comme serviteur. On le vit en Eglise. Comment puis-je, là où je suis, aider l’Eglise (les communautés chrétiennes que je connais) à être dans la société, davantage au service ?

On compte sur vous, pour aider l’Eglise à être davantage servante ! Car c’est sa vocation.

De fait, le message que l’Eglise porte, la Bonne Nouvelle qu’elle est chargée de faire entendre, c’est précisément un appel à l’existence, adressé à toute personne. Cet appel, il nous vient de très loin ; le Christ l’a porté de la part de son Père, dans la force et dans la faiblesse, dans la joie, et jusque sur la croix. Et sa résurrection, c’est le signe éclatant que cet appel, rien ni personne ne pourra l’étouffer.

C’est cela la Bonne Nouvelle que l’Eglise porte. Elle le porte non pas comme dans un petit paquet qu’elle pourrait poser à côté d’elle, non, elle le porte dans sa chair. Comme le Christ.

Il y a là quelque chose d’extrêmement précieux, non seulement pour les chrétiens, mais pour toute la société. Car nous sommes tentés, très souvent, de croire que notre vie, c’est comme une propriété qu’on devrait protéger contre les autres et agrandir le plus possible. Alors, on entre dans un monde de compétition, de comparaisons, de classifications, qui peut se montrer impitoyable.

Quand nous croyons cela, nous oublions que notre vie, elle a été éveillée en nous par tous ceux qui nous ont appelés à l’existence.

C’est cela qui constitue le fond vivant de l’humanité, et Dieu est là à l’oeuvre, partout où des hommes s’appellent ou se rappellent à l’existence.

Etienne Grieu, jésuite, doyen de la Faculté de Théologie du Centre Sèvres

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